Alain Barrière

Amoco

Ce fuel qui giclait de ton ventre,
C'était comme un défi lancé
À l'intelligence du monde,
Du monde dit "civilisé";

Mais ça fait mal la connerie
Sur cent kilomètres allongée !
Ce chef-d'oeuvre de veulerie
Donnait quasiment la nausée !

Où va la vie, où va le monde ?
Et vers où court l'humanité ?
Elle creuse avidement sa tombe;
Mais quel monde allons-nous laisser ?

Amoco !... Amoco !

C'est pas la faute au capitaine,
C'est pas la faute au P.D.G.;
Bien sûr, c'est la faute à personne
Et l'on était bien assuré

Tant pis pour les côtes bretonnes
Et quelques oiseaux mazoutés ;
Gueulez pas trop ! On subventionne !
Y'en a à peine pour kek'z'années...

Où va la terre, où vont les hommes ?
Mais vers où court l'humanité ?
Elle s'assassine, il faut voir comme !
Quel monde faudra-t-il chanter ?

Amoco !... Amoco !

Marée noire sur la Bretagne,
Boues rouges en Méditerranée ;
Et les fêlés du nucléaire
Qui jouent les apprentis-sorciers ;

Tous ces crimes contre nature
Ne nous seront pas pardonnés !
Il faudra payer la facture,
J'ai crainte qu'elle ne soit "salée" !

À ces enfants qu'on a fait naître,
Mais quel monde allons-nous laisser ?
L'air trop pollué de nos fenêtres
Et nos rivières empoisonnées !

Amoco !... Amoco !

Mais tu n'pouvais donc pas te taire !
Vont dire des "biens intentionnés",
T'as pas encore assez d'emmerdes ?
T'sais pas qu'ta chanson va gêner ?

Mais devant ces crimes sauvages,
Il ne faut pas se résigner !
C'est tellement con que j'enrage !
Et pas question de la fermer !

Où va la terre, où vont les hommes ?
Mais vers où court l'humanité ?
Elle s'assassine, il faut voir comme !
Quel monde faudra-t-il chanter ?

Amoco !... Amoco !